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Le Duc Christophe de Wurtemberg |
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Eberhard Fritz, Altshausen/Allemagne
Traduit par Denise Rietsch
Le Duc Christophe de Wurtemberg - Les étapes d’une vie
Cette conference a été donnée en allemand à l’occasion du 500ème anniversaire du Duc Christophe de Wutrmberg (1515-1568) à l’église St Amand à Bad Urach le 30 mai 1515.
L’article a été publié dans le journal ‘Un pont – Eine Brücke. Kulturstrasse Heinrich Schickhardt, Communiqués et Informations 2015/2016’.
Une vie riche en tensions
Comment un historiographe traite-t-il un souverain qui ne correspond pas du tout à l’image d’un bon monarque qui s’emportait, était coléreux et cherchait querelle? Qui, en plus, avait des relations avec son fils et héritier aussi mauvaises que l’on peut s’imaginer? Non, il n’est pas question du duc Christophe mais de son père, le duc Ulrich. On aurait aimé le passer sous silence mais cela fut impossible car ce fut lui qui introduisit en 1534 la Réforme dans le duché de Wurtemberg. On se débrouilla autrement. Le duc Christophe fut littéralement porté aux nues, on le présenta comme le véritable réformateur et on fit une image idéale d’un prince. Encore vers 1900, il fut considéré comme un saint protestant ainsi qu’on peut le voir à l’église Saint Amand de Bad Urach et à la cathédrale d’Ulm. Sur les consoles où, avant la Réforme, s’étaitent trouvées les statues des saints, on plaça maintenant celles des ducs Eberhard le Barbu et Christophe. Le duc Christophe fut également transfiguré dans les livres et les traités. Ce n‘est que ces derniers temps que certains historiens ont essayé de faire des recherches sur le duc, ainsi: Franz Brendle, Matthias Langensteiner et d’autres chercheurs. Cela n’a pas transformé la biographie en son opposé mais elle est devenue plus nuancée. Le duc a été écorné. Et c’est bien ainsi.
La vie du duc commença de façon dramatique; son reigne débuta de façon dramatique. Peu de temps avant sa naissance les événements se précipitèrent. Par jalousie, le duc Ulrich tua son écuyer Hans von Hutten, ce qui fit sensation dans tout l’empire. Lorsque le duc Christophe naquit quatre jours plus tard au château d’Urach, le 12 Mai 1515, le mariage de ses parents était déjà complètement perturbé. Le seul responsable n’était peut-être pas ce père scabreux et tellement violent. Peut-être la duchesse Sabina, née duchesse de Bavière et petite-fille d’empereur, faisait-elle sentir à son mari qu’elle était issue d’une dynastie de rang plus élévé que la sienne et de plus grande qualité. Les nobles de cette époque étaient particulièrement sensibles à ce point de vue. Quoi qu’il en soit, peu de temps après la naissance du fils, la duchesse quitta le pays de Wurtemberg et retourna à sa cour natale à Munich. Le jeune fils fut mis sous la tutelle des Habsbourg et fut élévé à la cour du roi Ferdinand Ier à Innsbruck où il eut des maîtres remarquables. Plus tard il vécut aux grandes cours de Bruxelles et de Paris. Ainsi il fit conaissance avec le monde de qualité et avait un large horizon.
En 1519, le duc Ulrich attaqua par surprise la ville de Reutlingen. De ce fait la ligue souabé, alliance dont Reutlingen fit partie, devint son ennemie. Il fut banni du Wurtemberg et l’empereur nomma son frère Ferdinand lieutenant général. Le duc Ulrich dut s’enfuir. Après 15 ans il réussit, avec l’aide du Landgrave Philipp de Hesse, à reconquérir le duché de Wurtemberg. Sans tarder il introduisit la Réforme en faisant supprimer la messe et venir dans le pays des pasteurs.
Ceci représentait alors un problème pour l’héritier du trône. Car la parenté bavaroise aurait aimé voir en lui un prince catholique. Qu’un souverain introduise la Réforme ne fut pas uniquement une question religieuse mais aussi et avant tout politique. Car par là il décida également à quel parti devait appartenir son pays. Le jeune homme batailla longtemps avec lui-même avant de se décider. Abolir la Réforme au Wurtemberg aurait été difficile et en tant que prince catholique il ne pouvait régner sur un pays protestant. En premier lieu, des raisons politiques auraient conduit le jeune duc à se tourner vers la Réforme. Et lorsqu’il avait pris la décision de l’adopter il fut bientôt convaincu, pour des raisons religieuses, par la nouvelle doctrine.
Mais cette décision n’ameliora pas les relations entre le duc Christophe et son père, le duc Ulrich. Celui-ci craignait constamment que l’empereur pourrait le destituer et remettre le duché de Wurtemberg au fils. Par moments le duc Ulrich voulait même déshériter son fils. Ce n’est que lorsque le destin du pays fut littéralement sur le point de s’effondrer qu’il fit des concessions. Un contrat d’entente fut realisé par lequel le duc Ulrich nomma son fils Christophe Régent de la seigneurie wurtembergeoise de Montbéliard, sur la rive gauche du Rhin. Ceci se fit à la condition que la Réforme y soit introduite. Montbéliard était situé au milieu des seigneuries catholiques. Le séjour de Christophe à la cour de France lui rendit de grands services dans ce cas car il parlait le français et jouissait de bonnes rélations avec le roi de France. Il se rendit donc à Montbéliard où s’installa au château, un bâtiment délabré qu’il fallut d’abord aménager. Les prédecesseurs du duc Christophe, membres des lignes collatérales de la Maison de Wurtemberg, ne résidaient, le plus souvent, pas très longtemps à.Montbéliard et avaient énormément négligé les aiffaires gouvernementales. De nombreuses décisions furent prises uniquement par le conseil de la ville de Montbéliard qui avait ainsi acquis une grande puissance. Les conseillers ne voulourent pas abandonner cette position de force lorsque le duc résida au château et voulut introduire une administration centrale. La Réforme, également, fit naître une forte résistance. Le duc Christophe s’efforça d’imposer à Montbéliard les ordonnances de l’église wurtembergeoise sans y apporter aucun changement. Mais les prédicateurs protestants étaient plutôt influencés par les réformateurs suisses. Avec le temps, le duc Christophe dut reconnaître que l‘organisation des la Réforme n’était pas possible que grâce à des compromis. De même en politique, it n’atteignit pas tous ses objectifs. Il dut renoncer à son plan de conquérir par la force la seigneurie d’Héricourt, attentante à Montbéliard et sur laquelle le Wurtemberg avait des prétensions depuis longtemps. Le duc apprit l’art de régner pendant ses années montbéliardaises. Le destin de la seigneurie de Montbéliard était determiné de manière décisive par les intérêts des deux grandes puissances: la France et les Habsbourg. Christophe, petit souverain, a appris à Montbéliard à louvoyer entre les camps politiques puissants.
En ces années il contracta un mariage important, autant sur le plan politique que dynastique. En 1544 il épousa la princesse Anna Maria de Brandebourg-Ansbach. Comme elle avait été éduquée dans la religion luthérienne et était issue d’une dynastie estimée, ce mariage renforça la position du fiancé comme prince protestant. Le couple avait douze enfants dont deux décédèrent en bas âge. Ceci fut pour l’époque, avec sa mortalité infantile élevée, un tribut à la nature léger.
À vrai dire, la situation politique générale restait épineuse. A la mort du duc Ulrich en 1550, le duc Christophe commençait effectivement son règne. Cependant, deux ans auparavant le parti impérial avait remporté un victoire sur les princes protestants à la suite de laquelle l’empereur Charles Quint avait.introduit ce qu’on a appellé l’intérim. La messe devait être réintroduite jusqu’a ce que une décision fut prise pour la question réligieuse dans l’empire. Bien que l’empéreur fit quelques concessions, la confession protestante était sérieusement menacée. Mais le duc Christophe réussit en moins de deux ans à obtenir l’abrogation de l’interim. Ceci fut un grand succès dans ses premières années de son règne. Mais il avait aussi la chance de règner pendant une période de paix. Ainsi il put se concentrer sur la politique intérieure, structurer et réformer à fond l’administration de l’Ètat.
Dans sa vie privée le duc Christophe n’eut pas de chance. Nous avons peu de renseignements sur sa vie conjungale. Il est avéré que son fils ainé, le duc Eberhard, fit de gros soucis à son père. Il semble avoir été trèes instable, peut-être souffrait-il de ce père trop puissant. Même selon les normes de l’époque, le prince héritier menait une vie dissolue, il devint alcoolique et mourut jeune sans avoir être marié. La mort du héritier du trône fut.certainement une épreuve cruelle pour le duc Christophe. Les conflits continuels avec le prince héritier l’avaient énormément fait souffrir. Certes il avait encore un fils qui pouvait lui succéder mais le duc Ludwig avait la réputation d’être moins doué que son aîné.
Ainsi, sous l’eclat extérieur se cachait le revers de la médaille. Au sein de l’empire le duc Christophe passait pour être l’un des princes protestants éstimés. En politique intérieure il mit de l’ordre dans son pays; en politique extérieure, avec les princes protestants régnants alliés il soutint la cause de la Réforme. Le duc décéda le 28 décembre 1568 à Stuttgart à l’âge de 54 ans et fut inhumé en grande pompe, avec les cérémonies habituelles, dans le caveau de la collégiale.
„Prince de paix“? Législateur! La politique
La vie du duc Christophe ainsi que son règne furent jusqu’à présent le plus souvent regardés à travers une clarté lumineuse. On soulignait avec raison son action d’organisateur de laquelle il sera encore question plus loin. On le considéra comme un prince de la paix, vraiment comme l’exemple d‘un souverain du 16e siècle. Cette façon de voir fut facilitée par le fait qu’il était plus difficile de porter un jugement sur les successeurs de Christophe que sur lui-même. Son fils, le duc Ludwig règna à un epoque où, à Wurtemberg, il fallait plus gèrer que organiser. Il fut plutôt considéré comme faible de caractère. Le prochain duc, Frédéric 1er n’avait pas grandi au Wurtemberg et apporta au pays beaucoup de l’étranger. Son horizon dépassait largement le Wurtemberg. Ceci lui rapporta peu de popularité auprès des historiens pendant très longtemps. Comparé à ses deux successeurs, le duc Christophe paraissait comme sage, enraciné dans le terroir et prévoyant, vraiment comme l’incarnation d’un prince pieux et plein de sollicitude. Une bonne partie était justifiée mais lorsqu’on lit des biographies à ce point idéalisées, des doutes font leur apparition.
Tout d’abord il faut tenir compte de la situation générale qui était celle qui existait à l’époque du règne du duc. Après les temps agités de la Réforme et les guerres qui suivirent, on comprit que la nouvelle doctrine ne se laissera plus reprimer par la force. Les princes protestants formaient un parti puissant dans l’empire et l’empereur ne pouvait plus les ignorer. Car la Réforme avait scindé et changé l’église. Mais elle avait également redéfini les rapports des princes de la noblesse immédiate, devenus plus puissants, avec l’empereur. Ceux des princes régnant qui se tournèrent vers la Réforme, s’opposèrent à l’empereur. Comme ils ne pouvaient plus être vaincus militairement, leur position s’affirma. C’est pourquoi des efforts furent entrepris pour établir un accord entre les partis catholique et protestant de l’empire. Ceci réussit par la paix d’Augsbourg de 1555. Elle stipula que le prince régnant fixât la religion de ses sujets. Ceux qui ne voulaient pas s’y soumettre avaient le droit de quitter le pays en emportant leur fortune. Ce fut un progrès très important dans l’empire car, par là, la capacité d’action de l’empereur était à nouveau rétablie et la souverainité des princes placée sur des bases solides. Dans le passé on considérait le duc Christophe comme l’un des plus importants acteurs à l’établissement de la paix religieuse et on le qualifiait de „prince de paix“. Mais des recherches plus récentes ont montré que, bien qu’il allât personellement aux négociations, il s’en retira après quelques déceptions. D’autres princes prirent l’initiative et mirent en route la paix.
Cependant ceci ne suffit pas pour dissiper entièrement les tensions confessionelles. Dans notre région cela se montra particulièrement par le destin du couvent de l’abbaye benedictine de Zwiefalten. Le domain du couvent du Jura souabe était attenant au sud au duché de Wurtemberg. Les ducs de Wurtemberg étaient les baillis du couvent. Ils auraient évidemment aimé exercer les pleins pouvoirs pour atteindre ce but. A chaque occasion it fit pression sur l’abbé de Zwiefalten en le mettant en demeure d’être présent aux „Landtage“ et de payer des impôts au Wurtemberg. Le duc n’aurait probablement pas hésité devant une action militaire mais l’empereur avait émis des sauf-conduits pour le couvent de Zwiefalten. De ce fait, en définitive, le duc ne put atteindre grand-chose mais il apparaît avec l’image du prince pacifique. Sur le plan de l’empire les rapports étaient bien ordonnés de façon qu’il n’y eut pas de motif de conflit belliqueux.
La véritable performance du duc Christophe se trouve en politique intérieure. Son grand projet fut d’ordonner à fond l’administration de l’État. Il voulait créer un pays bien administré, puissant financièrement et confessionellement homogène. Au début de son règne il se vit confronté à un jungle de règlements légaux. Les services de l’administration travaillaient lentement et bien souvent les uns contre les autres. Ce n’est pas étonnant car souvent leurs compétences n’étaient pas nettement définies. Une des premières ordonnances que promulgua le duc Christophe fut une ordonnance de chancellerie. Au cours de son règne 25 ordonnances différentes furent publiées. C’étaient des règlements pour les secteurs les plus divers de l’environnement, par exemple une ordonnance sur les forêts. Jusque-là on conaissait en Wurtemberg beaucoup de mesures divers alors le duc introduisit des unités de mesure cohérentes. Ceci facilita prodigieusement le commerce.
Le duc Christophe poursuivait persévérence la création d’une legislation unifiée pour le pays. Car dans ce domaine il éxistait également une multiplicité de règlements locaux. Le Wurtemberg s‘ètait constamment agrandi par de nombreuses acquisitions depuis le Moyen-Âge. Dans beaucoup de communes étaient encore en vigueur les droits locaux, qui s’étaient développés au cours des siècles. Les territoires nouvellement acquis avaient eux aussi, gardé leurs lois. Mais la coexistence des différentes lois ne convenait plus à une époque où s’établissait de plus en plus dans le pays un administration centrale. Le duc Christophe voulut y mettre de l’ordre. Il fit mettre en demeure les administrations, les villes et les communes d’inscrire tous les règlements en vigueur et les envoyer à l’administration gouvernementale. De là, les fonctionnaires devaient mettre au point des ordonnances uniformes pour tout le duché de Wurtemberg. Collecter tous ces droits et les ajuster se révéla être un processus coriace et qui traînait en longueur. Néanmois les juristes wurtembergeois réussirent à présenter au printemps 1555 des lois pour le pays. Combien ce recueil de lois de base fut novateur se montra par le fait qu’il devint un exemple dans d’autres pays pour des lois générales. Le point culminant de ce volumineux code wurtembergeois fut les importantes ordonnances ecclésiastiques. Le duc Christophe promulgua des ordonnances dans le sens d’une loi fondamentale d’État pour tous les domaines de la vie d’Église. Par ses ordonnances relatives aux domaines de l’État de de l’Église, le duc Christophe créa une œuvre d’ensemble et assurait la sécurité juridique à tous les sujets.
Afin de vérifier l’observation des lois et des ordonnances, le duc Christophe ordonna les soi-disants visitations. Ses hauts fonctionnaires devaient se rendre à toutes les administrations. Ils vérifiaient si elles travaillaient conformément aux instructions et si les factures étaient bien émises. Durant le règne du duc Christophe fut effectivement réalisée une grande visitation du pays pour laquelle les fonctionnaires dans les administrations montraient naturellement peu d’enthousisame. Cette mesure laborieuse fut exceptionelle parce qu’on sous-estima probablement considérablement les dépenses nécessaires en temps et en argent.
On ne pouvait évidemment supprimer d’un seul coup toutes les erreurs et tous les abus par la simple promulgation d’ordonnances car l’administration de l’État était trop complexe et la résistance trop grande dans les services. Cependant, à longue échéance, le code du duc Christophe fut une réussite, car certaines lois restaient valides pendant des siècles. D’autres règlements furent adaptés aux changements des circonstances.
Lors de son avènement le duc a pris en charge de lourdes dettes de son père. Le budget du duché était grevé de paiements d’intérêts de manière à peine tolérable. Les États provinciaux jouaient un rôle important en Wurtemberg. Environ 60 grandes et puissantes familles, souvent parentes ou parentes par alliance, envoyaient des répresentants aux États provinciaux.
Les États avaient obtenu de haute lutte du duc Ulrich des droits de participation en politique. Sans leur assentiment aucun duc n’avait le droit de faire la guerre ou de lever de nouveaux impôts. Lorsque de duc Christophe voulut inciter les États à prendre en charge une partie des dettes il y eut de longs démêlés. En fin de compte, les États annoncèrent, lors d’une assemblée spécialement convoquée, de prendre en charge 1,5 million de florins de dettes et les intérêts correspondants à échoir. En contrepartie le duc s’engagea à payer de ses caisses de nouvelles dettes et de ne pas lever de nouveaux impôts. Ainsi le duché de Wurtemberg fut placé sur une base financière solide.
Continuation de la Réforme
En historiographie wurtembergeoise, on avait d’extrêmes difficultés avec le duc Ulrich. Il était très difficile d’expliquer pourquoi un prince aussi problématique pouvait réaliser la Réformation, une mesure aussi noble et pieuse. Au lieu de cela on aurait aimé avoir un prince de la réformation exemplaire, qui a du caractère et cela était évidemment beaucoup plus le cas du duc Christophe que du duc Ulrich. De ce fait plusieurs historiens arrivèrent à une vue particulière de la Réformation wurtembergeoise. Ils présumait que le duc Ulrich avait uniquement fait faire des pas imparfaits vers la Réforme. Pour eux, le véritable réformateur était le duc Christophe comme le premier duc, catholique, Eberhard le Barbu était lui aussi présenté comme prince pieux, pour ainsi dire comme réformateur avant la Réforme, le duc Ulrich sombrait presque entre ces deux personnages lumineux. C’est pourquoi les deux statues d‘Eberhard le Barbu et du duc Christophe se trouvent à l’église Saint Amand de Bad Urach mais pas celle du duc Ulrich.
C’est seulement dans les dernières décennies que les historiens ont lu sans idées préconçus les sources concernant les premiers ducs. Il apparut que le duc Ulrich avait réalisé toutes les mesures fondamentales concernant la Réformation. Il donna au pays les premières ordonnances de l’Église. Il fit appel à des hommes qui réalisèrent la Réforme. En 1535 tous les prêtres de l’administration d’Urach furent réunis dans la collégiale d’Urach où on leur demanda s’ils voulaient entrer comme pasteur au service de l’Église du pays wurtembergeois ou bien quitter leur service en touchant une rente. Deux tiers d’entre eux quittèrent le service de l’Église. Il y eut pénurie de pasteurs. Il fallut les recruter dans d’autres pays protestants et en Suisse. Toutefois il fut possible d’organiser l’Église avec succès les 14 ans jusqu’a l’interim.
Cela se montre par le fait que par l’introduction de l’interim beaucoup de pasteurs perdirent leur poste et qu’à leur place furent installés des prêtres catholiques. Mais le duc Christophe voulait absolument conserver la confession protestante dans le pays. En Wurtemberg on eut l’idee d’une ruse. On employait ce qu’on appelle des catéchistes pour enseigner aux enfants et aux jeunes le catéchisme, c’est-à-dire les principes religieux essentiels de la nouvelle doctrine. Simultanément ces catéchistes apprenaient à lire et à écrire aux garçons et aux filles. Cela fut particulièrement bien accueilli dans les familles aisées car celles-ci reconnurent très vite l’avantage de savoir lire et écrire. Elles furent gagnées á la cause protestante et eurent une position critique quant à la réintroduction de la messe. Le duc Christophe put tirer profit de cette attitude lorsqu’il abrogea l’interim. Mais il dut agir très prudemment.
On ignore jusqu’a aujourd’hui quand le duc Christophe se consacra personellement à la Réforme. Cependant, c’est au plus tard durant son temps de gouvernement à Montbéliard qu’il es devenu un protestant résolu. Il lisait des ouvrages théologiques ce qui lui permettait d’avoir voix au chapitre tous les questions religieuses. Lorsque, après la mort de son père, le duc Ulrich, il commença à régner sur le Wurtemberg, il fit absolument tout pour en faire un pays entièrement protestant. Un des plus importants collaborateurs était Johannes Brenz. Pendant l’interim l’empereur fit rechercher Brenz. Comme il n’était pas plus à l’abri au château de Hohenwittlingen, dans la vallée de Seeburg au-dessus de Bad Urach, où il avait temporairement cherché refuge, qu'à Stuttgart il s’enfuit à Bâle et se rendit également à Montbéliard chez le duc Christophe.
Après l’instauration de l’interim, l’empereur voulait faire traiter les litigieuses questions religieuses par un concile. Celui-ci fut convoqué à Trente, ville du Nord de l’Italie. Le duc Christophe décida d’y envoyer une délégation conduite de Johannes Brenz. Cela ne fut pas sans danger car il fallait encore craindre que Brenz pût être fait prisonnier et peut-être exécuté. Malgré cela, des théologiens du Wurtemberg et de Strasbourg, ville impériale, se rendirent sous la direction dans cette ville d’Italie septentrionale. Pour le concile, les théologiens avaient élaboré une profession de foi wurtembergeoise. Ce qui est intéressant à cet écrit c’est que la doctrine catholique n’est pas réprouvée. Chaque article commence au contraire tout d’abord par les contenus positifs de la foi catholique, ensuite seulement sont amenés les points critiques dans l’optique des protestants. Cependant lorsque les délégués, sous la conduite de Brenz arrivèrent à Trente, le concile se dispersa déjà. Ils ne purent plus exposer leur profession de foi afin d’en discuter avec les représentants de l’Église catholique. Ainsi ils retournèrent au Wurtemberg et à Strasbourg sans avoir réglé quoi que ce soit.
Mais en réalité le duc parvint à faire abroger l’interim en l’an 1552. Il nomma Johannes Brenz au poste de prévôt à Stuttgart et en fit un de ses plus importants collaborateurs. Avec ses conseillers il se mit sans tarder à structurer l’Église protestante. Avant la Réforme, chaque ecclésiastique avait vécu d’une prébende, c’est-à-dire qu’ils percevaient directement leur revenu des biens de la paroisse. C’est pourquoi il y avait d’enormes différences dans ces revenus. Dorénavant le duc confisquait tous les biens de l’Église et les fit administrer de façon centrale par un service nouvellement créé: le conseil ecclésiastique. Pour chaque poste pastoral fut fixé un revenu déterminé. Chaque pasteur recevait donc regulièrement son revenu qui, en grande partie, se composait d’une rémunération en argent. Mais, outre cela, il percevait par exemple du vin; dans une grande paroisse, il pouvait recevoir 4 à 5 muids, ce qui représentait environ 1200 à 1500 litres de vin par an. Grâce à un traitement fixe, les pasteurs n’avaient plus à se soucier des revenus mais devaient se concentrer sur leur profession.
En même temps fut introduite la visitation. A la tête d’un district de l´Église se trouvait un super intendant spécial dont le travail correspondait à celui d’un inspecteur régional d’aujourd’hui. Tous les ans, celui-ci devait visiter tous les pasteurs de son district et établir un rapport détaillé sur la base d’un questionnaire. On voulait ainsi découvrier fautes et irregularités et, dans la mesure du possible, y remedier. Beaucoup de rapports de visitation qui se trouvent dans les archives sont des sources précieuses pour l’histoire des communes correspondantes. Avec la fin de l’interim, les moines catholiques devaient quitter les couvents qui revenaient de nouveau au Wurtemberg. Ces couvents continuaient d’exister sur le plan de l’organisation avec à leur tête un pasteur comme abbé. Les biens du couvent étaient administrés de façon autonome par un fonctionnaire. Dans la plupart des couvents on installa des écoles supérieures car on voulait que les revenues du couvent aient pour première destination l’education. Encore aujourd’hui de tels seminaires existent à Maulbronn et à Blaubeuren. Le séminaire d’Urach faisait également partie de cette tradition.
Le point culminant de l’œuvre de législation du duc Christophe était le grand règlement de l’Église de 1559. Dans un gros livre étaient rassemblés 22 ordonnances particulières. Dans un livre clair et compact se trouvaient des directives pour tous les domaines ecclésiastiques. Dans l’introduction du grand règlement de l’Église était écrit la profession de foi wurtembergeoise. Ainsi, malgré la mission infructueuse de Trente, le travail des théologiens n’avait pas été inutile. De la multitude des ordonnances une directive d’une importance capitale dépasse les autres. L’école était sous la surveillance de l’Église. Dès 1559 il fut établi que l’école était obligatoire pour les garçons et les filles. A vrai dire, deux siècles étaient nécessaires jusqu’a ce que la scolarité obligatoire générale pût être largement imposée. Car les familles paysannes et d’artisans avaient besoin de leurs enfants comme main d’œuvre. C’est pourquoi beaucoup de parents n’envoyaient pas leurs enfants à l’école. Ce n’est qu’au 18e siècle que la plupart des filles et des garçons allaient en classe régulièrement.
Après que les mesures importantes pour l’organisation de l’Église protestante avaient été realisées, les États provinciaux exigèrent la codification de la profession de foi protestante pour toujours. Comme chacun savait qu’ils avaient pris à leur charge une grande partie des dettes, ils purent imposer cette revindication. Dans le recez de la diète de 1565, le duc Christophe s’engagea, pour lui et pour tous ses successeurs, à ne plus modifier la profession de foi protestante. Mais cela signifiait que tous les sujets wurtembergeois s’engageaient à embrasser la foi protestante: celui-ci se plaçait en dehors de l’Église protestante, perdait ses droits de sujet.
Les étapes d’une vie. Il a été entrepris un essai d’apprecier par quelques traits de lumière la vie et la règne du duc Christophe. Il bâtit sur la conviction fondamentale protestante la non-existence des saints et que par conséquent, il n’y avait pas de raison de le porter aux nues. Néanmois on peut dire que le duc Christophe a été un souverain wurtembergeois très important. Son action politique eut des répercussions plusieurs siècles plus tard et ce qu’il a créé un ordonné est encore en vigueur à l’époque actuelle.
Littérature récente (en celle-ci se trouve la littérature antérieure à propos du sujet):
Franz Brendle: Dynastie, Reich und Reformation. Die württembergischen Herzöge Ulrich und Christoph, die Habsburger und Frankreich. Stuttgart 1998.
Eberhard Fritz: Herzog Christoph von Württemberg. In: Siegfried Hermle (Hg.): Reformationsgeschichte Württemberg in Porträts. Stuttgart 1999. S. 227-254.
Matthias Langensteiner: Für Land und Luthertum. Die Politik Herzog Christophs von Württemberg (1550-1568). Köln 2008.
Copyright 2017 by Eberhard Fritz, Altshausen
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